STFU !

Il ne pouvait guère durer. Le silence des trolls.

En fait, si on compte le troupeau d'amérikkkains bon teint qui ont vu dès les premiers jours dans le tremblement de terre japonais un juste retour de Pearl Harbour (si, si), il ne se sont jamais tus. A présent, il est de bon ton de s'en prendre aux initiatives caritatives.

Par exemple l'illustration du collectif canadien Chairman Ting, qui suscite ce commentaire singulier :
God I am FUCKING SICK TO DEATH of «artists» exploit­ing the Japan cri­sis. Yeah, you’re «rais­ing con­scious­ness.» The whole god­dam world already knows about this, do you hon­estly think your poster is nec­es­sary to raise aware­ness of the need for relief? Or do you just want to get peo­ple to buy your art­work, using the deaths of thou­sands of Japan­ese as bait?
Joli, non ? Les sous-entendus nauséabonds sont ici assez croustillants, j'en ajouterais quelques autres glanés ça et là sur le Net ou les réseaux "sociaux" :


  1. Exploitation, lire "ces ventes sont avant tout une opération de communication" : c'est vrai dans une certaine mesure. Assujettir la donation à une quelconque transaction commerciale peut être difficilement acceptable d'une multinationale au cash flow conséquent (cf. la bronca suite au tweet malheureux de Bing, ou les questions soulevées par l'utilisation d'une partie des ventes du DVD du film Au-delà). Nombre de firmes ont débloqué des fonds sans grande publicité. Dans leur ensemble, les "artistes" visés par notre troll n'ont cependant pas un cash flow conséquent. Ils sont plus probablement des free-lance qui travaillent à flux très tendus, et qui ne dorment pas sur un matelas de billets.
    De fait, il n'est pas étonnant qu'il leur faille vendre une partie de leur production pour donner quoique ce soit aux ONG...
  2. Dévoiement, lire "il serait plus rapide pour les acheteurs de donner directement aux ONG". Certes. Cela se défend si l'on part du principe que le quidam moyen ne se sort pas, par ailleurs, les doigts du fondement. Rien n'empêche (je prends un cas réel au hasard) d'envoyer un chèque à la Croix Rouge Française, tout en attendant la sortie de l'art-book "Tsunami / Des images pour le Japon" du Café Salé. En quoi les efforts financiers de différentes sortes seraient-ils mutuellement exclusifs ?!?
  3. Effort superflu, lire "le Japon est un pays industrialisé riche, pas besoin qu'on se mobilise". Cette excuse est dans l'air, actuellement. L'annonce des banques japonaises qui ont sorti des placards des tonnes de yens pour éviter l'effondrement du Nikkei a quelque peu embué les yeux de certains. Les fonds débloqués iront naturellement aux compagnies qui, cf. point 1., brassent déjà des milliards. Si elles n'affectent pas sciemment une partie de cet argent à la solidarité, il serait vain de croire à une certaine perméabilité naturelle des coffre-forts. Ce sont des raisonnements crétins, des raccourcis imbéciles de ce type qui ont fait démarrer si mollement les collectes à destination du Japon.
  4. Parti-pris, lire "vous bougez pour le Japon, avez-vous bougé pour Haïti ? Le Darfour ? Christchurch ?...". Ce non-dit est plus vicieux, on le voit même surgir en creux, là où en toute candeur il ne figurait peut-être même pas à l'origine. Toutefois, selon le contexte, c'est une question qui ne devrait même pas se poser. Dans le doute, voir le point 2., encore une fois : pourquoi les mobilisations devraient-elles s'exclure mutuellement ?
M'est avis que d'autres discussions prendront place sur le sujet, car c'est malheureusement dans la nature humaine. Nature qui ne sera jamais aussi bien résumée que par les gens de Penny Arcade :


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