Dans le billet sur le Wendel, je parlais de groove robotique au sujet du Fairlight CMI. J'avais en tête une vidéo bien précise, celle-ci :
L'extrait provient d'un documentaire sur Quincy Jones, et est très probablement tourné dans le studio d'Herbie Hancock. D'après les commentaires, je m'aperçois combien la perception de cette vidéo est distordue. Le titre est en premier lieu extrêmement trompeur ("Herbie Hancock jams with his Fairlight CMI"), mais la grande majorité des commentateurs ne le remet absolument pas en question. Partant de là, on trouve nombre de réactions amusées sur le fait que, oui, le séquenceur du Fairlight en fait le lointain ancêtre des FruityLoops et consorts. C'est d'autant plus criant que le Fairlight ne contribue qu'aux parties rythmiques audibles dans ce document. Et rien d'autre.
Aussi, par omission, on pourrait penser que le clavier sur lequel improvise fabuleusement Herbie fait lui aussi partie du système du CMI. Il n'en est évidemment rien, puisqu'il s'agit d'un ARP/Rhodes Chroma, une autre machine novatrice en son temps si on en juge par son interface directe avec un Apple IIe (qu'on distingue clairement posé au-dessus). Et il faut longuement creuser dans les commentaires pour trouver quelques corrections éparses sur ce point.
Cette vidéo me paraît assez symbolique de l'impact médiatique des grosses workstations comme le Fairlight ou le Synclavier, à l'époque comme aujourd'hui. C'étaient des machines qu'on disait polyvalentes, mais qui possédaient aussi un "look" ravageur, avec leur combinaison voyante de technologies futuristes (échantillonnage, écrans, énormes baies de lecteurs de disquettes, etc.). Une image clinquante qui, j'en suis maintenant certain, a contribué à maintenir dans l'ombre une large panoplie d'"outils", pour reprendre le terme d'Herbie Hancock, tout aussi valeureux à l'image du Chroma.
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