Al Jarreau et ses Anges gardiens |
Je déteste cette période. Pas la saison de l'année, non.
Non, cette époque de la vie où l'on voit forcément s'éteindre ces grandes figures à l'ombre desquelles on s'est, un peu, construit. Les musiciens, les écrivains, les photographes, acteurs, cinéastes, etc., ceux qu'on a connus alors qu'on était enfant et qu'ils étaient déjà, eux, dans la force de l'âge et au sommet de leur Art. Bien sûr, on voit dans le même temps surgir de nouveaux talents, de plus jeunes, qui sauf accident nous survivront forcément. Mais j'ai le sentiment que ça ne compense pas.
Cette époque qui parfois commence tôt, pour peu qu'on s'entiche d'artistes déjà disparus et qu'on prenne conscience de cet état de fait. Fût un temps où nous écumions ainsi les concerts armés d'une notion d'urgence quelque peu cynique. Parfois ce sentiment d'imminence était justifié : j'ai le plaisir d'avoir assisté à des performances de Miles Davis ou Serge Gainsbourg, mais de peu, malheureusement. Parfois, heureusement, nous étions dans l'erreur la plus totale. Parfois, encore, j'ai baissé ma garde, et le destin emporta bien trop tôt ceux qui m'avaient ébloui sur scène tantôt. Où êtes-vous, Michael Brecker, Zawinul, Petrucciani... ?
Et puis, ça s'emballe. Si je m'écoutais, Ich bin ein Flatlander deviendrait une nécrologie permanente, car les hommages à rendre ne manquent pas ces derniers temps.
L'été dernier, c'est à Al Jarreau qu'on pensait, après son malaise à Barcelonnette. Depuis, comme il en témoigne avec humour dans son journal, il se porte beaucoup mieux, et a recommencé à groover de plus belle. Et puis tout dernièrement, c'est Nile Rodgers qui annonçait une nouvelle préoccupante.
nilerodgers.com |
Ah, non, vraiment, je déteste cette période. Anyway, We are family.
"Lady Liberty" (Nougaro, Saisse, Rodgers)
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