Signal étique, le retour

Il y a cinq ans maintenant (!), je m'épanchais ici sur la problématique du message universel, sur la faculté de laisser des signes qui soient immanquablement compris, quels que soient les changements de contexte culturel. C'est un problème qui s'était vu apporter diverses solutions dans deux domaines particuliers, l'envoi de sondes spatiales (ou messages hertziens intergalactiques) et l'enfouissement des déchets nucléaires.

Dans le premier cas, il s'agit de définir une carte de visite pacifique à destination d'éventuelles civilisations extraterrestres. Dans le second, on s'adresse à nos descendants sur une centaine de milliers d'années, avec tout ce que cela peut comporter comme mutation sociétale, et le message à transmettre est une interdiction formelle.
S'appuyant sur la construction en cours du centre d'enfouissement ONKALO en Finlande, le film documentaire Into Eternity revient sur ce dernier aspect. Le propos est exposé sur un rythme majestueux, qui sied particulièrement au gigantisme, et du site, et de l'étendue de la période considérée. Par instant, comme le dit un des blurbs, on pense à 2001 Odyssée de l'Espace. Quoique plus modeste, Into Eternity est voué à une diffusion en salle bizarrement combinée par chez nous avec une diffusion télé en début d'année (sur Arte, bien entendu). De sorte que via les systèmes de catch-TV, je pense, le film est désormais églament disponible sur nombre de sites miroir, dont Youtube. Je ne m'étendrais pas sur la légalité du procédé, je subodore cependant que les réalisateurs laissent faire dans une certaine mesure.

Les travaux semblent battre leur plein à ONKALO, pendant que chez nous, on reste encore au stade des expérimentations (Bure, etc.). De sorte que le problème de la signalétique à inventer n'est pas encore crucial. Tout le monde ne s'est pas posé la question : le blog Pruned vient de publier un billet sur les vestiges toute première pile nucléaire américaine, à Chicago. L'endroit historique est connu sous le nom de Site A, il n'y subsiste plus qu'une stèle commémorative. Et, sous les pieds des visiteurs, les restes des enceintes de béton des différentes piles. Les 800 tonnes de restes de la pile 3 (CP-3) ont été dynamités stratégiquement pour les faire verser dans la fosse prévue à cet effet. L'enceinte de la CP-2 a elle été démantelée, puis charriée dans la même fosse. Le sommet du bâtiment de la CP-3 se situerait maintenant à 23 pieds (7 mètres de la surface). On est loin des profondeurs abyssales d'ONKALO...

A 500m de là se trouve Plot M, sans doute la première vraie décharge nucléaire au monde. On y plaça en terre des déchets tant solides que liquides, divers matériels contaminés, des carcasses animales (!), etc. Les tranchées furent recouvertes d'une "boîte inversée en béton". Certains fûts de matières radioactives ont été par la suite déplacés. Cependant, lorsque l'on connaît certains échecs retentissants de la même époque en matière de time capsules (cf. la Plymouth Belvedere de Tulsa dans sa gangue de boue), on frémit vraiment, vraiment, vraiment beaucoup.

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